C'était le premier monstre de 30 kg que je me devais de pondre après avoir quitté Paris :

mon aversion pour la possession boulimique chez l'Homme .

Le thème de la monnaie est traité mais rejoint rapidement les dérives de cette boulimie : pouvoir, gloire, puissance, reconnaissance, Ego en quête..etc 

Je vomis cette maladie de l'esprit que l'on retrouve en toutes époques et toutes régions du monde; j'exècre son écrasante domination dans les libertés fondamentales et la créativité des hommes. A son apogée, cette course éternelle au profit et cérébralement dégénérative relève l'ironique exploit d'ôter à notre espèce la seule et unique chose qui ne lui aura jamais été accordé de posséder : son humanité. Ce rapport de force maintient sous pression constante les tissus sociaux et les individus eux-mêmes y emprisonnent leurs rêves et candeur première avec l'aide de Cynisme, Fatalité, Peur, Aigreur, Sarcasme, Jalousie et Angoisse. 

C'est ce même rapport que l'on fuit du mieux que l'on peut pour aussitôt y replonger une fois l'agonie temporisée : combien de personnes claquent une partie de leur vie à financer des murs qui leurs survivront ou anesthésient leur quotidien dans les achats "réconforts" et superficiels ? Combien pensent se faire plaisir en déboursant trois salaires dans trois semaines de congés par an pour oublier la routine du hamster dans une roue qui n'est pas la sienne ? Combien continuent ainsi de se mordre indéfiniment la queue ? Et surtout, combien de personnes ont-elles abandonnées leurs rêves et optimisme face à cette pression issue d'un récit collectif écrit par une minorité ?

Autrefois, le luxe était l'opulence et l'argent. Aujourd'hui le rapport de force change de cap dans les sociétés modernes. Le luxe désormais, c'est le Temps. Celui de vivre. 

Plusieurs symboliques pour "Bulimia"

• L'obésité morbide symbolise ici la cadence boulimique de ce désir mortifère : la couleur des tissus est cadavérique, les vaisseaux sanguins dilatés, au stade ultime du dernier battement de cœur .
• Sur le sommet du crâne est inscrit la devise des billets américains " In God we trust ". Le dernier "t" est une croix renversée (symbole satanique) par refus de ma part de reconnaître la présence de Dieu dans l'argent. 
• Une couronne de pièces vient transpercer le crâne et ce même sang argenté coule de la bouche. La couronne ironise avec la couronne d'épines du Christ, en rapport à la devise des billets américains et pour souligner la notion de martyr que provoque cette Possession. 
• Dans le tas de faux billets se trouve caché un seul et unique vrai billet de 50$ contenant à l'intérieur ma signature de sorte à sacrifier la valeur fiduciaire de façon cohérente avec le message communiqué.
• Deux oboles (pièces d'argent) peuvent recouvrir les yeux. De nouveau, il s'agit d'une provocation : en Grèce antique et Egypte ancienne, les défunts étaient enterrés avec des oboles (sur les yeux, sous la langue ou dans les mains) afin de payer dans l'au-delà le passeur Charon afin qu'il leur fasse traverser le fleuve du Styx pour rejoindre le monde des morts. L'idée étant de rappeler que ces mortels ne l'emporteront jamais dans la tombe, bien qu'ils tendent à vouloir l'oublier.
• Certains billets sont brûlés et d'autres tâchés de faux-sang pour symboliser le procédé d'obtention des richesses : souvent au détriment d'un Autre, " à feu et à sang ".
• La liasse de billets peut-être enlevée puis remise dans la bouche de la sculpture.
• Le regard, enfin, a volontairement un strabisme vers l'extérieur et se porte vers le ciel, comme dans un ultime fantasme, un dernier orgasme transitoire, au bord du précipice de l'overdose. 

Backstage / Mise en lumière, renforcement de la couronne de pièces et laquage

[ disturb, neopirate, acid, asphyxie, letal vapor, confus, cheap quality, white noise ]

• Un lab est un ensemble d'éléments (sensations, évènements, sons, mouvement, esthétique etc) qui traduit l'Humeur durant le process de création, qui n'est plus perceptible une fois le rendu fini ou exposé. Ce n'est pas un folio ( dossier photos ou vidéo présentant la créa finale) mais un concentré d'associations cognitives à un instant T.

• Il est souvent dit qu'on ne sait précisément lire les intentions d'un artiste, sur ou sous-interprétant par défaut: le Lab est donc une passerelle prévue à cet escient durant une Expo ou démo. Les choses peuvent-être rendues simples et limpides, même dans le monde de l'Art privé du verbal.