Bullet est une pièce particulière car engagée sur la question de l’armement dans le monde, sa banalisation et le caractère aléatoire de la mort qui lui succède. Egalement, sa médiatisation sur notre territoire et la distance géographique qui nous sépare des conflits armés qui ravagent le globe tout en se rappelant que la France demeure le 3ème exportateur d’armes dans le monde.

L’aspect au premier abord esthétique et floral est donc volontaire, jusqu’à ce que l’observateur y remarque, à l’intérieur des pétales d’argiles, un trou écarlate. Vient ensuite son issue, de l’autre côté du visage sous l’oreille, dont s’échappe une douille.

Je pense aux chiffres, aux pourcentages de l’horreur qui côtoient nos actualités et à l’indifférence générale qui peu à peu enterre les morts. L’Art étant le messager idéal des maux les plus troubles, je songe ici à la surprise générale de l’Occident lors de la soudaine et dramatique proximité avec ces soldats d’acier au cœur de Paris en 2015 qui embrassèrent dans un dernier baiser 137 victimes et étreignirent de leurs bras de plomb 413 blessés. 

Je tente de mesurer, dans cette gueule de bois générale, l’écart de perception entre les JT d’informations qui peignent le désespoir d’Anonymes par milliers, et le désespoir d’une minorité qui peint les Unes du monde entier. Je me demande enfin ce que dirait ces vies humaines perdues; qu’elles soient parisiennes ou syriennes, anglaises ou soudanaises; sur l’idée de l’exportation massive d’armes comme support principal de la croissance mondiale et leur nouvelle qualification factuelle de « dommages collatéraux » dans une industrie qui se dit compétitive entre nations.

En somme, je questionne la valeur de la vie aujourd’hui, face à celle du profit.