Svem est une pièce traitant plusieurs thématiques philosophiques tout en ayant la particularité d’être modulable pour contenir un secret: en effet, la partie haute de la tête est mobile et permet, une fois ôtée, de découvrir en son cœur une petite sphère. Deux encoches demeurent à chaque extrémité et il est possible de lentement la soulever pour dévoiler…un crâne.

Ce vieil homme symbolise la sagesse, souvent affiliée à l’expérience accumulée au cours des âges. L’esthétique de sa barbe envahissante, imposante et stagnante renvoie à la mousse, aux lichens et aux feuillages des arbres, ainsi que son oreille droite devenue une branche.

Je souhaite ici rappeler que l’Homme, dans sa nature la plus primitive, demeure partie inhérente à la dynamique du Vivant et que la sagesse telle que nous la nommons, ne peut trouver son paroxysme que dans la compréhension totale de l’Entour. A travers une observation assidue des phénomènes tels qu’ils nous apparaissent, loin du mode de conceptualisation humain produisant par habitude et efficacité des schémas parfois trop courts pour embrasser la complexité réelle du monde. Il s’agit d’un hommage pour d’anciens habitants, que nous avons tendance à oublier et qui, pourtant, nous ont enfanté : le premier d’entre eux apparaît au Dénovien, entre 350 et 420 millions d’années, il s’agit de l’arbre Archaeopteris.

Le crâne qui se situe à la place du cerveau est un deuxième hommage qui suit toujours cette logique d’accorder un temps de considération sur notre nature organique et cet incroyable et minutieux travail d’orfèvre que nous sommes. Nous l’oublions trop souvent, mais notre corps est essentiellement composé d’éléments chimiques que l’on retrouve dans la nature, jusque dans la composition des étoiles : oxygène, carbone, hydrogène, azote, calcium et phosphore.

Je suis donc toujours fascinée par l’incroyable structure que représente le crâne et sa symbolique profonde. Longtemps mis à mal dans nos sociétés, craint ou redouté, le crâne serait « une tête de mort » et un mauvais présage. Au contraire, cette architecture extraordinaire est pour moi « une tête de vie », le plus grand bienfaiteur de notre existence. C’est grâce à ce rempart osseux solide que l’organe le plus important de notre corps se retrouve préservé des agressions extérieures : le cerveau, siège de la conscience.

J'ai ainsi positionné ce crâne à la place même de ce dernier, en mémoire d'une présence assurée avant tout par cet étonnant, discret et bien trop souvent décrié, gardien.

Gardien du temple de toutes choses, de l’âme et de la sagesse.